De Cerbère au Pic Neulos et de la Tour Massana au Boulou. Histoire, Patrimoine monumental et Naturel. Vie quotidienne. Événements. Revues et Livres. Littérature. Gastronomie et Vins.

dimanche 29 novembre 2020

Tripière. Maréchal-ferrant

ARGELESIENS QUI ONT MARQUE LE TEMPS PASSE. Andreu Capeille.

Commerce de bouche : Connaissons tout d’abord la « Tripière » qui était pratiquement tous les matins, sur cet emplacement dans les années 1950 face au Café du midi, rue de la Libération, pour vendre des abats, des tripes, pieds de cochons, d’agneaux, etc… Si on ignorait son nom, celui de la « tripera » convenait très bien ! Son époux travaillant à l’abattoir d’Argelès, la marchandise était fraiche et de qualité. Nombreux étaient les acheteurs, les ménagères, qui à l’aide d’un récipient, allaient s’approvisionner chez elle. Souvent ses commissions se faisaient avec un pot à lait.                          

Artisan : Émile Teixidor Maréchal-ferrant, était un artisan exceptionnel du fer à cheval, car vers l’époque de 1950/60, les chevaux de trait, se comptaient dans les 150/200 ! La maréchalerie était située à l’angle de la rue d’Alembert. Émile avait un surnom aussi connu que son nom de famille : Emilio. Il avait pris la suite de son ancien patron Paulino, et lorsqu’on allait à l’atelier, on disait souvent : on va chez Paulino. De retour des écoles, les enfants faisaient une halte chez lui pour le regarder ferrer et écouter le son spécial régulier du marteau sur l'enclume. Il laisse le souvenir de sa gentillesse, et de son sourire. Il participait comme talentueux danseur de tradition au  Foment de la sardana d’Argelers. Il nous a laissé à l’âge de 90 ans. Il était le père de Francis Teixidor.

jeudi 26 novembre 2020

Argelès, Trois commerçants à connaitre

 ARGELES, DES MÉTIERS ET LEURS ACTEURS. Andreu Capeille

      Après avoir salué, le berger André Marti de Taxo, c'est au tour de trois commerçants très connus que le journal L'Indépendant, sous la plume de Marie Catherine Canal, a publié le 26 novembre, l'aventure de trois commerçants d’Argelès qui depuis des années sont présent dans ce chef lieu de Canton. Ce sont Paulette, Mario Pierrugues Madern  et Jean-Pierre Juanola. Pour ma part, j'ai eu la chance d'avoir bien connu et apprécié ces trois sympathiques personnages de la vie économique d'Argelès. En cette période très difficile, n'hésitez pas à recourir à leur commerce pour vous, et pour faire fonctionner notre économie rurale. Bravo aussi au journal l'Indépendant.



mercredi 25 novembre 2020

Orage affreux en 1843. Correspondance

SOREDE : UN ORAGE AFFREUX A ÉCLATE en 1843. Christian Baillet.

Deux lettres surprenantes ! Ponts, passerelles, détruits et emportés.

                   Lettre du Maire adressée à la Sous-préfecture
Le 20 septembre 1843
     J’ai l’honneur de vous informer qu’un orage affreux a éclaté sur cette commune le 18 septembre courant. La pluie était si forte que la rivière ayant instantanément grossi d’une manière effrayante y a causé d’énormes ravages. Il est impossible de vous décrire tous les désastres occasionnés par le débordement des eaux. Plusieurs maisons se sont écroulées et ont disparu. Les 3 ponts qui se trouvaient sur la rivière depuis la forge jusqu’au village ont été totalement détruits et emportés. Parmi ces ponts, il faut remarquer celui de la Rasclose et celui de la forge qui dataient de plus d’un siècle. Toutes les propriétés qui avoisinaient la rivière, même celles situées à des distances considérables ont été littéralement enlevées. La nature de la propriété ne la mettait pas à couvert de l’inondation. Il est impossible, M. le Sous-préfet, de faire une description exacte des pertes occasionnées par ce désastre et de la désolation qui règne dans la commune. Une multitude innombrable de familles ont souffert considérablement. On évalue à plus de 100.000 francs les dommages causés par cet orage.
La désolation est extrême et plusieurs familles par le fait de cet évènement, sont dans une affreuse misère. Les dommages sur ces propriétés ne sont pas seulement causés par la rivière, les torrents desservant les fleuves se sont répandus de tous les côtés arrachant tout ce qui se trouvait sur leur passage, des vignes, des olivettes, des bois de micocouliers, (le bois qui faisait la richesse de notre commune a été arraché et emporté par les eaux). Ces belles propriétés qui auguraient encore il y a 2 jours, sont maintenant que des amas de pierres et des carrières de granit. La population de la commune qui s’était transportée sur les bords de la rivière pour sauver des personnes en danger de mort, voyaient passer des meubles, des bestiaux et des arbres en grande quantité. Elle a vu disparaître en un moment le pont qui fût construit il y a 2 ans, pour faciliter la communication entre les 2 fractions de la commune et pour lequel elle s’était imposé de grands sacrifices. Dans notre malheur nous n’avons à déplorer la mort d’aucune personne.

Je vous propose de demander un secours pour les personnes qui ont souffert de cette inondation.
Je vous serai obligé, Monsieur le Sous-préfet, de me dire la marche que j’ai à suivre.
Il faut ajouter que plusieurs maisons sont prêtes à s’écrouler….
Bonaventura Guimezanes

Le 21 novembre 2011 restera gravé dans la mémoire des Sorédiens. Des pluies torrentielles se sont abattues sur notre commune, provoquant de nombreux dégâts matériels : des routes submergées, des glissements de terrains, des passerelles emportées (celles de la font del Sabater, et de la font del Bisbe), des maisons inondées. Par chance, aucune vie humaine n’est à déplorer. Ce dramatique épisode n’est pas sans rappeler que des inondations catastrophiques ont frappé durement notre village, si nous nous penchons un tant soit peu sur son histoire. Elle nous révèle malheureusement que ce phénomène n’est pas réservé uniquement qu’au XXIème siècle. Saisissons cette occasion pour en dresser la liste : La passerelle plusieurs fois emportée . Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps (les premières observations pluviométriques en Roussillon datent de 1833), nous trouvons des phénomènes similaires à celui-ci. Citons brièvement, au hasard des archives départementales et communales, quelques événements venant confirmer ces faits :                                    

En 1738, les habitants de Sant Ferreol de la Pava ne peuvent pas se rendre à la messe dominicale de Sureda, les passerelles ayant été emportées. En 1763, la chapelle de la Coberta est anéantie par l’effondrement de la falaise, non loin du Mas Sola.

En 1843, le pont principal et quelques maisons bordant la rivière sont détruits. Un extrait d’une lettre ci-jointe que le Maire adresse au Sous-préfet, nous interpelle par son témoignage criant d’actualité. Ce premier pont, digne d’un ouvrage de ce nom, avait été construit spécialement en 1839 pour résister à l’épreuve des crues.

En 1866, la maison située au lieu-dit : l’hort d’en Bousquette, correspondant au terrain actuel de l’entrepôt de l’entreprise « Rebuget », est dévastée dans sa totalité. En 1898, huit demeures localisées al Carrer Sant Jaume sont inondées. L’eau a franchi le seuil des portes. En 1900, c’est au tour de la passerelle de la font del Sabater d’être arrachée violemment (1). Reconstruite l’année suivante, elle sera une nouvelle fois détruite en 1932, et réédifiée en 1933. Date à laquelle, des riverains mécontents adresseront une autre lettre au maire pour lui rappeler son absolue nécessité.

En 1901, nouvel épisode calamiteux, le mur de soutènement de la route de la Coscolleda cède à la suite de très grosses pluies. Le maire demande « d’urgence sa réparation afin de rétablir la communication le plus rapidement possible »sic. En 1904, les passerelles de Lavall subissent le même sort. La municipalité est contrainte d’assurer provisoirement la circulation. En 1936, suite au ruissellement des eaux, des maisons situées rue Saint Jacques sont inondées. Etc…
Il faut donc en tirer des enseignements et rester prudent face à de tels risques naturels. Nos anciens d’ailleurs ne s’y trompaient pas puisqu’ils avaient réalisé des tempes (plaque de fer faisant barrage) aux entrées de sous-sol afin de se prémunir d’une montée des eaux. Un fait est sûr, c’est que chaque Sorédien était parfaitement conscient de ces phénomènes météorologiques. J’en tiens pour preuve ces vieux dictons qu’ils formulaient fort justement sur ce sujet : « quan plou de tramuntana plou de gana » (quand il pleut avec de la tramontane il pleut beaucoup) « quan tona a les Gavarres, la pluja a samalades (quand il tonne sur les Gavarres, pluie à comportes), etc…
(1) Son coût : 104,34 frs (AC)