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lundi 29 avril 2019

Collioure, la Sanch insolite


UN ASPECT INSOLITE D’UNE SANCH COLLIOURENQUE
     Andreu Capeille.
Rien à voir avec la foi ou la dévotion que l’on peut comprendre dans la période de la semaine sainte en Roussillon. Mais ce que je vais vous narrer m’est arrivé le soir du 19 avril, Vendredi Saint, et de la célèbre procession de la Sanch ; veille aussi de Pâques et des non moins traditionnels et incontournables Goigs dels ous de la veillée pascale !

     Voici brossé le lieu de mes observations amusantes mais respectueuses d’une belle tradition de la religion catholique catalane.

Durant des années, j’ai eu le charge de promener des touristes, comme guide, et leur présenter le déroulement historique et religieux des processions de Perpignan et de Collioure. Là je n’avais pas eu la possibilité d’être un observateur avisé, sur tout ce qui se passe autour, ni de connaitre les motivations de ceux qui sont immergés incognito au sein des pénitents.
     Ce jour du vendredi, nous voilà partis ma femme et moi en voiture vers le très beau petit port de notre côte rocheuse, en espérant trouver facilement une place de parking. En voici une ; une fois le véhicule garé, il ne reste plus qu’à régler sur la borne conçue à cet effet le temps prévu du stationnement ! Et là commence l’attente.  Des gens essayent de régler mais n’y arrivent pas, car il faut suivre le langage des logos toujours pas évidents, prévoir le temps que l’on va passer dans les rues, puis de se rappeler le numéro d’immatriculation de sa voiture ! Certains plaquent tout pour partir en courant regarder ce fameux numéro que l’on doit frapper sur la borne. Et les gens continuent d’attendre ! On fraternise en attendant, non sans ressentir la peur au ventre, que son tour de péage vas arriver sous peu !

     Nous descendons vers l’église et en passant on entend parler les uns et les autres. Je dis à ma femme : tiens tu saisis le langage des colliourencs, on dirait qu’ils ont récupéré avec émotion notre belle langue catalane, celle de nos ancêtres et qui malheureusement a tendance à s’évaporer au profit du français et de l’accent des médias, comme si l’on avait honte de parler catalan et de conserver notre particularité de langage et notre accent.
     Sur ces belles paroles, elle sourit et me dit : ce ne sont pas des autochtones mais des catalans du sud qui ma foi sont légion en cette période de vacances, tout comme les sujets de Sa Majesté la Reine d’Angleterre, malgré le brexit !
     Sur le trajet, nous constatons aussi des gens se dirigeant vers l’église en courant portant leurs affaires processionnaires sous le bras, certains même avec des croix ou des matériels religieux bien emballés et qui étaient certainement en retard et donc très attendus.
Devant le portail de l’église, comme il était l’heure de souper, nous trouvons une table de restaurant superbement placée pour visionner le futur cortège. 

     Pour garder l’accès à l’église, deux agents de la police municipale, ma fois très sympathiques, n’arrêtaient pas de donner en souriant divers renseignements aux touristes qui les questionnaient ! Ensuite à leur tour, des gendarmes, vêtus de leur tenue habituelle semblaient prendre part à la sécurité des personnes, et puis par trois hommes habillés de noir qui n’avaient rien de pénitents, qui étaient simplement des militaires ou gendarmes harnachés d’armes de dissuasions et pas de « misteris » de la célébration liturgique religieuse.  
   
Donc bien installés, nous soupons, quand tout à coup quelque chose tombe du ciel sur la table à peu de centimètres de nos assiettes. Je lève les yeux et constate qu’un vol de mouettes au-dessus de nous, luttent contre le vent assez fort et pour cela lâchent du lest afin de prendre de l’altitude.
    Quelques minutes après, vers 21h30, la procession de la Confraria de la Sanch de Cotlliure sort enfin précédée par l’évêque et par les « encaputxats o caparutxos » rouges et noirs. Rien ne semblait alors désorganiser la ferveur des femmes et des hommes, pénitents, porteurs des « misteris » ou de flambeaux, quand soudain deux jeunes curés qui s’étaient peut-être égarés, se posent devant nous essoufflés, avant de prendre en marche la suite processionnaire. Ce n’était que le début du parcours dans les rues de Collioure, des arrêts fréquents devant les « reposoirs » installés dans quelques vitrines de commerces. Ensuite, les personnes qui regardaient, ont vu le recueillement et la piété des participants, et beaucoup,  tout comme moi, ont pu immortaliser cet événement touchant, avec les centaines ou milliers de téléphones mobiles qui flashaient à tout va !
     Pour conclure, mon épouse et moi-même, avons apprécié « la Sanch » et l’ensemble de sa liturgie de la « Semaine Sainte » à Cotlliure, et il va s’en dire, que très satisfaits, nous reviendrons avec joie l’année prochaine 2020, pour mieux l’apprécier.

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