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samedi 7 novembre 2020

Collioure Préfets. Instruction Militaire au XIX siècle.

RAPPORTS DES PRÉFETS ET SOUS-PRÉFETS AU XIXièmes. INSTRUCTION MILITAIRE A COLLIOURE

Pierre Besson. (Article paru dans la revue Massana-Albera numéro 14 de 2004)

( A gauche, CP ancienne : Rue Emmanuel Brousse à Perpignan menant à la Préfecture des P.O)                                                       De 1811 à 1870, les rapports des préfets et sous-préfets des Pyrénées-Orientales ont un air de famille avec ceux des Intendants de l’Ancien Régime, tant pour la forme que pour le fond. Si en 1801 le préfet Delon adressait officiellement son compte rendu au « citoyen-ministre » Chaptal, nous retrouvons sous la Restauration des formules anciennes telles que : « Je suis, avec un profond respect, Monseigneur, de Votre Excellence le très humble et obéissant serviteur »
Selon les époques, ces rapports sont hebdomadaires, mensuels, trimestriels, annuels. Quels que soient les régimes successifs (Empire, Restauration, Second Empire), nous y trouvons à peu près les mêmes sujets, les mêmes préoccupations : crainte des épidémies par les bateaux, entretien difficile de la route nationale 114, pauvreté et mendicité, risques de famine !!!

En 1812, le préfet constate le déclin de l’industrie du fer, une des principales ressources du département, avec 16 forges et hauts-fourneaux. Prix du fer : 24 francs le quintal. Vers 1825, ce prix élevé incitera trois industriels à installer une forge à Collioure, dans la vallée du Douy. Mais le fer leur revenant trop cher, ils devront renoncer à cette activité.

Épidémies. Pour les autorités roussillonnaises, la crainte des épidémies transmises par les bateaux est depuis des siècles une véritable hantise. Le 19 juillet 1858, dans son rapport trimestriel, le préfet écrit que la fièvre jaune ayant éclaté à Lisbonne, les précautions nécessaires ont été prises à Collioure, Port-Vendres et Banyuls en ce qui concerne les navires.

Circulation. En 1854, à la veille de l’avènement du chemin de fer en Roussillon, le préfet voudrait désenclaver tout le département. En effet, il craint que la montagne soit défavorisée lorsque le train longera le littoral. Il faudra par conséquent développer les routes, afin de desservir tout le département.
« Le département est pauvre parce qu’il n’a pas de routes, et il n’y a pas de routes parce qu’il est pauvre », telle est la conclusion.

Mutations diverses. Selon le rapport préfectoral du 3ème trimestre 1853, sur la liste des 39 condamnés politiques nous trouvons trois Colliourencs : Sébastien Domenech, journalier – Joseph Francès, marin – Jean Pla, bouchonnier. Ils sont menacés d’un départ pour le bagne de Cayenne.
Le même rapport donne la liste des maires ou adjoints démissionnaires, suspendus ou révoqués. A Collioure, Py, adjoint, est démissionnaire en application du décret du 6 octobre 1853.
Dans son rapport de juillet 1858, le préfet signale que par décret impérial, la résidence du commissaire de police du canton est transférée de Collioure à Argelès. Rapport préfectoral de février 1859 : création d’une caisse d’épargne à Collioure.

Mendicité. Le rapport du sous-préfet de Ceret du 1er trimestre 1855, relate la conduite admirable de Monsieur Reig, de Port-Vendres. Cet homme de bien a fait don aux pauvres de Collioure, Port-Vendres et Banyuls de la somme de 3000 francs. Ce secours important a été employé à l’achat de farines de gros millet. Honneur et reconnaissance à ce bon citoyen ! Débits de boissons. En juin 1866, le préfet constate que l’autorité militaire se plaint d’un usage fort ancien dans le pays, qui cause plus d’un abus. Dans presque tous les cabarets, on donne à boire à discrétion, à tant par heure, et le vin capiteux du Roussillon ne tarde pas à agir sur le cerveau des jeunes soldats, hôtes assidus de ces débits. Il faut en aviser les autorités municipales.
A Collioure, quelle sera l’attitude de la municipalité, soucieuse de fournir au commerce local l’appoint de la clientèle militaire ?  

L’INSTRUCTION MILITAIRE A COLLIOURE : 

Après la défaite de 1871, le pays prépare la revanche contre les « Prussiens ». Pendant une petite décennie, de 1882 à 1890, suivant l’exemple de nombreuses villes, la municipalité de Collioure organise un « bataillon scolaire » avec l’aide d’un instructeur militaire.

    Le 10 novembre 1882, à 7 heures du soir, le maire Jean Coste fait une déclaration au Conseil municipal. Considérant qu’il faut donner aux enfants l’instruction militaire afin que tout homme puisse défendre son pays, il obtient le vote d’une somme de 150 francs comme indemnité à l’instructeur militaire de l’école des garçons et de 250 francs pour l’achat de fusils scolaires. Par compensation pour les administrés plus pacifistes, le conseil vote un crédit de 200 francs pour le traitement du maître de musique à l’école communale de garçons.

    Le 14 mai 1883, le Conseil se réunit sous la présidence de Joseph Nomdedeu, premier adjoint. Celui-ci constate que les dépenses du bataillon scolaire grèvent le budget de 250 à 300 francs par an. Or, les enfants n’apprennent pas en raison de ces dépenses. Ils ont à peine appris le maniement des armes et le mouvement de « par le flanc droit » ou « par le flanc gauche ». De plus, l’armement mis entre les mains de nos écoliers au moment de leur service militaire n’aura aucune ressemblance avec celui d’aujourd’hui. En conséquence, Nomdedeu demande la suppression de bataillon scolaire à partir du 1er janvier 1889. Adopté par 14 voix contre une.

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