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vendredi 5 octobre 2018

Il y avait un Ange sur le toit !

ARGELES. UN ANGE S’EST ENVOLE VERS L’OUBLI.

  Jean Surjus
                  Un ange centenaire surmontait le pignon de la belle maison sise à l’intersection des  rues Emile Zola et Route Nationale. Il paraissait immuable, sur son perchoir à plus de 9 mètres de haut, ce qui le protégeait du vandalisme et du voleur de passage. Certes, il fallait lever la tête bien haute pour l’apercevoir, mais les Argelésiens savaient qu’il était là et certains lui prêtaient une protection divine lors de leurs passages à proximité.
                 Mais hélas, par une journée de forte Tramontane, en 2003 ?, une passante affirma que l’ange bougeait sur son support. Les autorités alertées, dans un souci de sécurité publique, décidèrent la dépose de la statue. Ce fut le début de l’oubli.
                 Quelques années plus tard, la maison fut mise en vente. Le propriétaire cédant, considérant que l’ange faisait partie des murs, voulut le restituer à l’acheteur. Mais où était donc passé l’ange ? Après maintes recherches, on le retrouva caché dans les dépôts des ateliers municipaux. Il fut remis à l’acquéreur le jour de la vente du bien chez le notaire. Ce nouveau propriétaire accepta le principe d’une remise de l’ange au sommet de sa maison mais, il temporisa, prétextant devoir réaliser auparavant  des travaux de rénovation.
                  Et un beau jour, la maison fut à nouveau vendue sans que l’ange n’ait regagné sa place. Depuis, à notre connaissance, il n’est plus question d’une prochaine apparition. Cet ange, va-t-il sombrer dans l’oubli ? Va-t-il s’évanouir de la mémoire collective ? C’est plus que probable.
          
        La rue porte le nom d’Émile Zola. Nous n’avons pas la chance, comme à Perpignan, d’avoir notre rue de l’ange. Cela aurait permis de préserver pour les années à venir le souvenir de cet ange qui faisait bel et bien partie du patrimoine des Argelésiens. Quant à Émile Zola, on aurait pu lui attribuer, sans problème, une de ces nouvelles rues qui se créent chaque année dans notre commune. Concernant Perpignan, sachez cependant qu’il n’y a jamais eu d’ange dans la rue qui porte ce nom. Pourquoi fut-elle  baptisée ainsi ? On ne le sait plus exactement!
                  Mais à Argelès, vers 1860, pour quelle raison installa-t-on un ange au sommet de cette maison ? Ce fut pour perpétuer le souvenir d’un accident mortel lors de la construction. Un maçon d’origine espagnole tomba du toit et perdit la vie. Ses parents firent poser l’ange à l’endroit même où leur bien-aimé perdit l’équilibre.
                  En 1980, les Éditions Massana publièrent un premier recueil de cartes postales et de photographies sur la période 1900-1930 d’Argelès. En page 28, une carte postale montre la portion sud de la Route Nationale (Voir la reproduction ci-après). On y distingue nettement la maison de l’ange (seconde sur la droite) et l’entrée de la rue Émile Zola. Malheureusement l’angle de prise de vue occulte l’ange, caché par la corniche (cercle rajouté sur la carte postale). Cependant, cette photographie n’est pas dénuée d’intérêt car elle montre qu’un commerce existait déjà dans cette maison. Il s’agissait de la boulangerie Viguier. En 1920, ce commerce fut racheté par le grand-père Briqueu qui y fit le pain pendant des années, avant de construire une boulangerie plus grande et plus moderne, à proximité du carrefour avec l’avenue de la Libération.  Après la dernière guerre, le fils Côme Briqueu s’installa  pâtissier dans l’ex-boulangerie de la maison de l’Ange.
Texte de Jean Surjus suite à propos recueillis auprès de Paulette du Pressing de la Route Nationale et auprès de Louis Briqueu.
Photos : L’Ange sur le bord de la toiture. Cliché Alain Devin -  La maison de la rue Emile Zola où l’Ange se trouvait sur le toit juste au-dessus de l’angle arrondi. Cliché Jean Surjus

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