Jean Surjus
Un
ange centenaire surmontait le pignon de la belle maison sise à l’intersection
des rues Emile Zola et Route Nationale.
Il paraissait immuable, sur son perchoir à plus de 9 mètres de haut, ce qui le
protégeait du vandalisme et du voleur de passage. Certes, il fallait lever la
tête bien haute pour l’apercevoir, mais les Argelésiens savaient qu’il était là
et certains lui prêtaient une protection divine lors de leurs passages à
proximité.
Mais hélas, par une journée de
forte Tramontane, en 2003 ?, une passante affirma que l’ange bougeait sur
son support. Les autorités alertées, dans un souci de sécurité publique,
décidèrent la dépose de la statue. Ce fut le début de l’oubli.
Quelques années plus tard, la
maison fut mise en vente. Le propriétaire cédant, considérant que l’ange
faisait partie des murs, voulut le restituer à l’acheteur. Mais où était donc
passé l’ange ? Après maintes recherches, on le retrouva caché dans les
dépôts des ateliers municipaux. Il fut remis à l’acquéreur le jour de la vente
du bien chez le notaire. Ce nouveau propriétaire accepta le principe d’une remise
de l’ange au sommet de sa maison mais, il temporisa, prétextant devoir réaliser
auparavant des travaux de rénovation.
Et un beau jour, la maison
fut à nouveau vendue sans que l’ange n’ait regagné sa place. Depuis, à notre
connaissance, il n’est plus question d’une prochaine apparition. Cet ange,
va-t-il sombrer dans l’oubli ? Va-t-il s’évanouir de la mémoire
collective ? C’est plus que probable.
Mais à Argelès, vers 1860,
pour quelle raison installa-t-on un ange au sommet de cette maison ? Ce
fut pour perpétuer le souvenir d’un accident mortel lors de la construction. Un
maçon d’origine espagnole tomba du toit et perdit la vie. Ses parents firent
poser l’ange à l’endroit même où leur bien-aimé perdit l’équilibre.
En 1980, les Éditions Massana
publièrent un premier recueil de cartes postales et de photographies sur la
période 1900-1930 d’Argelès. En page 28, une carte postale montre la portion
sud de la Route Nationale (Voir la reproduction ci-après). On y distingue
nettement la maison de l’ange (seconde sur la droite) et l’entrée de la rue Émile Zola. Malheureusement l’angle de prise de vue occulte l’ange, caché par
la corniche (cercle rajouté sur la carte postale). Cependant, cette
photographie n’est pas dénuée d’intérêt car elle montre qu’un commerce existait
déjà dans cette maison. Il s’agissait de la boulangerie Viguier. En 1920, ce
commerce fut racheté par le grand-père Briqueu qui y fit le pain pendant des
années, avant de construire une boulangerie plus grande et plus moderne, à
proximité du carrefour avec l’avenue de la Libération. Après la dernière guerre, le fils Côme
Briqueu s’installa pâtissier dans
l’ex-boulangerie de la maison de l’Ange.
Texte de Jean
Surjus suite à propos recueillis auprès de Paulette du Pressing de la Route
Nationale et auprès de Louis Briqueu.
Photos : L’Ange sur le bord de la toiture. Cliché Alain Devin - La maison de la rue Emile Zola où l’Ange se trouvait sur le
toit juste au-dessus de l’angle arrondi. Cliché Jean Surjus
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