De Cerbère au Pic Neulos et de la Tour Massana au Boulou. Histoire, Patrimoine monumental et Naturel. Vie quotidienne. Événements. Revues et Livres. Littérature. Gastronomie et Vins.

vendredi 5 octobre 2018

Argelers Marguillerie 1867 à 1906

1905/2005 ANNIVERSAIRE DE LA SÉPARATION DE L’ÉGLISE ET DE L’ÉTAT : MARGUILLERIE D’ARGELÈS-SUR-MER.
 Maurice Moulins – Vaquer
LE CONSEIL DE FABRIQUE DE LA PAROISSE PÉRIODE DE 1867 à 1906.
Le concordat de 1801 avait institué un organisme de gestion des biens de l’église dans chacune des paroisses : le Conseil de Fabrique.
La loi dite de séparation de l’Église et de l’État a mis fin à ce système et a eu pour effet de « spolier » l’Église de ses biens (9 décembre 1905).
Dans la tourmente de la période dite « des inventaires » préalables à cette liquidation, le dernier registre des délibérations d’Argelès, période 1867-1906 en a été confié à ma famille Marc Vaquer.
Les réunions du Conseil de Fabrique ont lieu, une fois l’an, à la sacristie après les vêpres, le dimanche de Quasimodo. Les fêtes religieuses ponctuaient le temps mieux que le calendrier, fréquemment l’année et le mois sont notés, le quantième de mois reste en blanc.
Le style est très correct, le secrétaire est le curé, mais les signatures des membres témoignent de l’usage difficile de la plume. Lorsqu’on s’adresse à une autorité, le style devient précieux, ampoulé. Durant la période « des inventaires » il devient rageur et violent. J’ai souhaité, en rapportant les passages essentiels du procès-verbal du dernier Conseil de Fabrique, retrouver pour nos lecteurs le climat qui régnait à  Argelès au début du précédent siècle. Je cite fidèlement, en m’autorisant  quelques coupures sur les longueurs. 
« Depuis l’année passée, les rapports de l’Église et de l’État ont bien changé. Une Chambre franc-maçonne et un Sénat gâteux et sans volonté, foulant au pied tous les intérêts de l’Église et de la France ont voté sous mandat la loi du 6 décembre 1905 aggravée encore par le règlement d’administration du (ici un blanc). Cette loi de vol et de persécution, la grande voix du Souverain Pontife Pie X la condamne dans sa magnifique encyclique du 11 février 1906 « Nous réprouvons et nous condamnons » écrit le Pape ; suit une longue et vive argumentation reprise par nos compatriotes.
               « Par un coup de force…par une loi injuste qui viole le droit naturel le droit des gens, la fidélité publique aux traités, la justice et la propriété, l’Église est dépouillée de ses biens, le Concordat déchiré et les Conseils de fabrique dissous. L’Église ne saurait les voir s’éloigner sans les remercier, ces hommes d’honneur qui s’étaient fait ses auxiliaires précieux et dévoués…
Réunis pour la dernière fois, conformément à la loi en ce jour du 9 décembre 1906, ils ont « épuré » (1) les comptes, clos et réglé les registres déposés à la sacristie de l’église d’Argelès.
Catholiques, avec l’Évêque et le Pape, nous ne saurions nous constituer comme le désire la loi criminelle en association culturelle qui méconnaît la hiérarchie et les droits de l’Église et voilà pourquoi nous donnons aujourd’hui tous ensembles, la démission d’un mandat que nous avaient donné l’Église et l’État. Quant à remettre nous-mêmes…les titres, les registres et les biens de l’Église au séquestre…nous ne le ferons jamais…car nous tomberions sous les coups des lois canoniques qui frappent les voleurs et les spoliateurs des biens de l’Église… nous ne voulons pas encourir l’excommunication.
A partir de cette date nous ne sommes plus des employés de l’Église, des administrateurs de ses biens. Nous ne nous prêterons nullement à nous transformer comme le conseille d’une manière perfide la nouvelle loi, en association culturelle car nous ne voulons pas accepter la responsabilité des charges…
Le concours des fidèles sera désormais à peu près nul…les quêtes ne donneront plus rien…un grand nombre d’abonnés ont abandonné leurs chaises.
Nous nous retirons donc attristés d’avoir été les témoins d’un pareil effondrement, d’une débâcle dont les chiffres qui suivent comparés aux chiffres des années précédentes donnent une bien juste idée. Comme gratification nous avons payé tous les mois aux employés :
          Argelès le 10 Xbre 1906
                                    Recettes    568,50
                                    Dépenses  764,07
                                    Déficit      195,57
Suivent : signature et grand paraphe du Comte de Villemarest, plus discrets celles de Surjus, Siné, Combe, Julia, J Christofeul, curé ».
Comparées aux signatures des années précédentes ces ultimes paraphes témoignent de l’émotion des participants. Là s’arrête le dernier procès verbal du Conseil de Fabrique d’Argelès. La guerre de 1914/18 avec l’Union Sacrée, l’évolution de la Société ont atténué les passions au point que le centenaire de cette loi si marquante, n’a guère ému l’opinion. Il a simplement réveillé l’intérêt de quelques historiens quelquefois amateurs comme :
Maurice Moulins – Vaquer.
1- Le mot épuré est employé ici par erreur pour apuré.

Aucun commentaire: