Maurice Moulins – Vaquer
LE CONSEIL DE FABRIQUE DE LA PAROISSE PÉRIODE
DE 1867 à 1906.
Le concordat de 1801 avait
institué un organisme de gestion des biens de l’église dans chacune des
paroisses : le Conseil de Fabrique.
La loi dite de séparation de
l’Église et de l’État a mis fin à ce système et a eu pour effet de
« spolier » l’Église de ses biens (9 décembre 1905).
Dans la tourmente de la période
dite « des inventaires » préalables à cette liquidation, le dernier
registre des délibérations d’Argelès, période 1867-1906 en a été confié à ma
famille Marc Vaquer.
Les réunions du Conseil de
Fabrique ont lieu, une fois l’an, à la sacristie après les vêpres, le dimanche
de Quasimodo. Les fêtes religieuses ponctuaient le temps mieux que le calendrier,
fréquemment l’année et le mois sont notés, le quantième de mois reste en blanc.
Le style est très correct, le
secrétaire est le curé, mais les signatures des membres témoignent de l’usage
difficile de la plume. Lorsqu’on s’adresse à une autorité, le style devient
précieux, ampoulé. Durant la période « des inventaires » il devient
rageur et violent. J’ai souhaité, en rapportant les passages essentiels du
procès-verbal du dernier Conseil de Fabrique, retrouver pour nos lecteurs le
climat qui régnait à Argelès au début du
précédent siècle. Je cite fidèlement, en m’autorisant quelques coupures sur les longueurs.
« Depuis l’année passée, les
rapports de l’Église et de l’État ont bien changé. Une Chambre
franc-maçonne et un Sénat gâteux et sans volonté, foulant au pied tous les
intérêts de l’Église et de la France ont voté sous mandat la loi du 6 décembre
1905 aggravée encore par le règlement d’administration du (ici un blanc).
Cette loi de vol et de persécution, la grande voix du Souverain Pontife Pie X
la condamne dans sa magnifique encyclique du 11 février 1906 « Nous
réprouvons et nous condamnons » écrit le Pape ; suit une longue et
vive argumentation reprise par nos compatriotes.
« Par un coup de force…par
une loi injuste qui viole le droit naturel le droit des gens, la fidélité
publique aux traités, la justice et la propriété, l’Église est dépouillée de
ses biens, le Concordat déchiré et les Conseils de fabrique dissous. L’Église
ne saurait les voir s’éloigner sans les remercier, ces hommes d’honneur qui
s’étaient fait ses auxiliaires précieux et dévoués…
Réunis
pour la dernière fois, conformément à la loi en ce jour du 9 décembre 1906, ils
ont « épuré » (1) les comptes, clos et réglé les registres déposés à la
sacristie de l’église d’Argelès.
Catholiques,
avec l’Évêque et le Pape, nous ne saurions nous constituer comme le désire la
loi criminelle en association culturelle qui méconnaît la hiérarchie et les
droits de l’Église et voilà pourquoi nous donnons aujourd’hui tous ensembles,
la démission d’un mandat que nous avaient donné l’Église et l’État. Quant à
remettre nous-mêmes…les titres, les registres et les biens de l’Église au
séquestre…nous ne le ferons jamais…car nous tomberions sous les coups des lois
canoniques qui frappent les voleurs et les spoliateurs des biens de l’Église…
nous ne voulons pas encourir l’excommunication.
A
partir de cette date nous ne sommes plus des employés de l’Église, des
administrateurs de ses biens. Nous ne nous prêterons nullement à nous
transformer comme le conseille d’une manière perfide la nouvelle loi, en
association culturelle car nous ne voulons pas accepter la responsabilité des
charges…
Le
concours des
fidèles sera désormais à peu près nul…les quêtes ne donneront plus rien…un
grand nombre d’abonnés ont abandonné leurs chaises.
Nous
nous retirons donc attristés d’avoir été les témoins d’un pareil effondrement,
d’une débâcle dont les chiffres qui suivent comparés aux chiffres des années
précédentes donnent une bien juste idée. Comme gratification nous avons payé
tous les mois aux employés :
Argelès le 10 Xbre 1906
Recettes 568,50
Dépenses 764,07
Déficit 195,57
Suivent : signature et
grand paraphe du Comte de Villemarest, plus discrets celles de Surjus, Siné,
Combe, Julia, J Christofeul, curé ».
Comparées
aux signatures des années précédentes ces ultimes paraphes témoignent de
l’émotion des participants. Là s’arrête le dernier procès verbal du Conseil de
Fabrique d’Argelès. La guerre de 1914/18 avec l’Union Sacrée, l’évolution de la
Société ont atténué les passions au point que le centenaire de cette loi si
marquante, n’a guère ému l’opinion. Il a simplement réveillé l’intérêt de
quelques historiens quelquefois amateurs comme :
Maurice Moulins – Vaquer.
1- Le mot épuré est employé ici par erreur pour apuré.
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