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dimanche 15 novembre 2020

Le Tech Costabonne - Petit puits (Prose)

 Deux textes, en prose, qui accompagnent les deux poésies d’Armand Aloujes sur le « Tech » et le « Petit puits de Collioure »

LE TECH : DEL  COSTABONA  EN  EL  MAR.  Armand Aloujes

Tout prés du Canigou , sur les flancs du Costabonne, ma source, un jour, est apparue. Le Tech venait de naître ! Dois-je remercier le ciel de m'avoir accordé ce très grand privilège de traverser ce coin des Pyrénées, à tous point magnifique ? Ainsi, c'est bien tranquillement , qu'un fin ruisselet, depuis toujours, murmure dans son lit,au beau milieu de roches et de verdures. Je me suis donné pour mission, de donner au pays, toute l'eau nécessaire, pour abreuver les hommes, les plantes,et les animaux. A travers les forets de hêtres et châtaigniers, me voici donc arrivé au village de Prats de Mollo, que j'ai découvert en premier,pendant mon long voyage. Grâce à ma présence ici,chacun a pu utiliser ce dont il a besoin, non seulement en eau, mais aussi pour ses loisirs. Taquiner la truite ou le goujon, ou pour écouter simplement le gargouillis de l'eau, sur les galets polis.

Il a fallu quand même, que d'autres ruisseaux de l’imposant Vallespir, viennent agrandir le débit de son cous . Prés de Prats : La Parcigoule, Massif du Canigou : La Coumelade et Riu Ferrer. Chaine de Pyrénées ; St Laurent et Mondony...Transformant ainsi, en torrent, le petit ruisseau que j'étais.

Plus loin dans la vallée, dans le parfum de la pomme et de la cerise, la largeur cours s'est un peu agrandi, facilitant ainsi le très bon arrosage des jardins et vergers qui se sont développés, sur les bords, jusque dans la plaine. Au niveau de la ville d'Arles, je suis devenu assez important pour me qualifier de rivière. A ce point de mon cours, les hommes ont mis en pratique toutes les ressources que le débit de l'eau a pu leur procurer : L'arrosage, bien sur, mais aussi, pour les travaux ménagers.,l'alimentation, la force motrice de l'eau, le tourisme avec la pêche, ou les simples plaisirs des pique- niques aux bords de l'eau. Bref ! Il est évident que ma présence, comme dans tous les villages,ici,a été déterminante pour la survie des populations de cette vallée et pour son développement. Et voilà que mon cours vient d 'atteindre la plaine sous le pont du Diable de la ville de Céret . Tous mes méandres, se sont bien effacés, au profit de berges plus rectilignes et plus élargies, laissant à mes eaux, le temps de s'écouler plus lentement. Je vois en passant, l'importance des lieux qui s'ouvrent à mon passage : Jardins maraîchers, offrant plusieurs variétés de légumes, vergers où l'abricot et la pêche sont rois, vignes, prairies, champs, sont des chefs-d’œuvre que l'homme a pu créer, grâce à la proximité de l'eau, mais aussi, et il serait impardonnable de ne pas en parler, l'effet de notre soleil, le soleil de notre cher Roussillon, qui avec l'eau et la volonté des hommes, peuvent faire des miracles. On remarque, dés lors,que mon cours sépare en deux parties lao plaine du Roussillon. Sur la rive droite, au sud, le Roussillon des Albères et sur la rive gauche au nord le Roussillon de l'Aspre et des étangs. Mais cette séparation, n'affecte en rien les bons rapports des habitants dans leurs occupations, au contraire, ne fait que les rapprocher. En fait, le Tech que je suis, sert de trait d'union entre ces populations. Cependant,approchant de la mer, le fond alluvial du cours et la chaleur du soleil, ont tari l'importance de mon débit. Mais qu'à cela ne tienne, les nappes ont eu le temps de se gorger et les habitants d'Elne ou Argelés et les alentours, n'auront pas à s'inquiéter de la pénurie .  C'est par une large embouchure, que je rejoins  la Méditerranée . Désormais site protégé. L'homme a pris conscience de laisser à la nature, le soin de se développer naturellement, sans aucun artifice.

Que de chemin parcouru depuis le Costabonne ! Quel voyage à travers le temps!Que de changement subi à travers les saisons ! L'hiver, lorsque l'élément liquide gèle et que les sommets sont couverts d'un manteau blanc, mon corps se repose et se met en attente. Au printemps c'est la fonte des neiges L'automne avec ses pluies torrentielles  me font penser aux inondations de 1940 ; Le ciel a parfois de redoutables réactions . Gardez donc chers catalans, l'usage de cette  belle et douce rivière du Tech, qui par sa présence  comblera de bonheur et de satisfaction le cœur de ses usagers 

EN EL CARRER DEL POU PETIT.  Armand Aloujes

L'eau ! Qu'elle fraîche, tiède, ou chaude, a toujours été, pour tout etre vivant, un besoin vital, comme l'air qu'on respire   Il a suffit que l'homme s'organise, pour mettre à sa disposition ce précieux liquide. Il est évident, que sur terre, certains endroits ont été plus privilégiés que d'autres ? Ce qui a fait naitre des petites agglomérations autour des points d'eau ( Oasis dans les déserts)

Il fut un temps, dans les villages, où le système de canalisations n'existaient  pas , des puits furent creusés et des pompes installées, afin de capter cet élément naturel. Encore un don du ciel.

Le village de Collioure n'échappait pas à la règle, d'autan plus, que sa nappe phréatique était importante. L'inconvénient, si c'en était un, était, qu'il fallait charrier l'eau du matin au soir pour les besoins du ménage : cuisine, lavage, arrosage, boissons etc... Heureux étaient ceux qui avaient une de ces pompes chez eux, prés de l'évier, d'un lavabo, d'un lavoir, dans certaines boutiques : cafés, hôtels, ateliers et prés de la rivière Douy, quelques jardins équipés de norias, mues par des anes. Dans le village, un puits fut creusé entre deux maisons, dans la plus petite rue et étroite, en plein centre ? Une pompe à bras permettait de remonter le liquide divin ! Il fut baptisé «  Le Petit Puits »

Petit par sa forme, mais grand pour le service qu'il  avait rendu . De tous les puits,  c'était le meilleur par sa fraîcheur et la qualité de son eau, et le plus fréquenté du village. La rue pour y accéder, était tellement étroite, qu'une charrette ne pouvait y passer. Mais qu'à cela ne tienne, le puits avait toujours la faveur des villageois. Auparavant, personne ne venait là, sinon pour dire bonjour à tante Berte, où l'on pouvait récolter quartes sous et quelques gâteaux !   Grâce au puits, ce fut une vraie procession. Toute la journée on entendait paroles et commentaires de toutes sortes. C'était un va et vient continu de seaux, brocs(dorcas) cruches( poals). La gent féminine était la plus représentée : femmes de ménage,, mères de familles, jeunes filles, les mousses des barques ; Marie profitait de l'occasion pour vendre fruits et légumes de son jardin et même quelques fleurs . Bref, la corvée de l'eau, nécessaire, était un bon prétexte pour discuter, rire, potiner, dans ce lieu insolite qui devenait des plus importants dans la vie de tous les jours . Et pendant ce temps le bras de la pompe  ne cessait de monter et descendre, remontant à souhaits toute cette eau que donnait la terre, comme si c'était un peu de son sang qu'elle nous faisait partager.

Un jour , on s 'est posé la question de savoir si tout cela aller encore durer longtemps ! Hélas ! Progressivement, la pompe s'est tue. Non pas que la pompe se soit détériorée, non pas que la source  s'est tarie Non rien de tout cela ! Mais quelque chose qu'on ne peut arrêter «Le Progrès »

Dans chaque maison, l'eau a coulé. Peut-être mois bonne mais à portée de main. Il suffit d'ouvrir le robinet !  Est-on conscients de ce progrès . Désormais, pour notre cher petit puits, personne en passant, n'a même pas un regard pour lui, lui qui a tant donné Ah ! Si les murs pouvaient parlerPeut-etre que vit encore dans le cœur des vieux colliourencs, le souvenir des services que notre petit puits a rendu et régalé de son eau, cela fait bien longtemps !   Ha ! Nostalgie quand tu nous tiens.

La pompe est toujours présente à la rue du petit puits, Silencieuse !

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