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lundi 28 septembre 2020

Paulilles avait une industrie : Mémoire

PAULILLES MÉMOIRE  D’UNE  INDUSTRIE Armand Aloujes  

     Cette partie de la Cote Vermeille, dite rocheuse, s’étend de Cerbère à Collioure, et abrite un certain nombre d’activités, qui ont permis aux populations locales, d’y vivre et de s’y maintenir : La pèche, la viticulture, qui offre là, de bons débouchés, et surtout, la proximité de la mer, qui a été toujours un facteur puissant, pour attirer de nouvelles populations, et créer de multiples emplois : Trafic maritime à partir de Port-Vendres, Etablissements sanitaires, Camping, Parcs de loisirs, Tourisme, Hôtellerie, Restauration. Etc.… Et surtout, le Laboratoire Arago, sis à Banyuls sur mer, pour la recherche scientifique de tous ce qui concerne la mer Laboratoire, dont la renommée n’est pas à démontrer. On peut être heureux de voir, qu’à un certain moment, le site a été occupé par une usine, et malheureux de penser, que son activité ne permettait pas d’être sereins.

Les bâtiments de Paulilles restaurés

En effet, pour des raisons d’intérêts et de sécurité nationale, le site convenait très bien, pour la fabrication de la dynamite ?

Lorsqu’on parle du Roussillon, on pense bien sur, à son vignoble, ses jardins, ses vergers, la pêche, le trafic maritime, c’est très bien, mais, il faut quand même se souvenir de son activité industrielle. L’industrie lourde, n’existait pas en Roussillon, et cette nouvelle usine, fut, jusqu’en 1984 la plus grande activité dans ce secteur, d’autant plus qu’une activité secondaire fut crée dans son enceinte. Il s’agissait du placage des métaux par explosifs, qui a été transférée à Rivesaltes ! Ainsi toute activité dans ces lieux est complètement arrêtée depuis.

L’usine occupait, sur cette partie de la Cote Vermeille, plusieurs hectares de terrains. Prés de la route nationale, se dressaient les bâtiments administratifs, plus loin, les dépôts et magasins de stockage (matières premières ; nitrates, pulvérulents divers, cartons et emballages de toutes sortes) . Toutes ces marchandises étaient réparties dans les ateliers, par wagonnets sur rails, tirés par des chevaux. Tout moteur était interdit (sécurité oblige). Ces mini-convois, sillonnaient l’usine de la gare, jusqu’à la dynamiterie. 

                                  Une cheminée immortelle !

Ce genre de transport, a été remplacé plus tard, par un tracteur électrique. Un peu plus loin, les ateliers étaient là pour assurer la maintenance. Tandis que, près de la dynamiterie, couchée sur des socles en béton, toute une série de citernes, d’acides, glycérines et autres produits chimiques, pour la fabrication du produit. Enfin sur la colline surplombant la mer, les ateliers de fabrication : Nitration pour la nitroglycérine, Pétrissage pour la dynamite » gomme » et «  pulvérulents », venaient ensuite les ateliers d’encartouchage : 2 machines pour les cartouches « gomme » (flottman et rollex) et une pour les pulvérulents (biazzi) Cartouches  de dimensions classiques de 25 à 30 de diamètre et de 100 gr ou encore de 40 de dm par 500 gr. Toutes les autres cartouches de dimensions et de poids divers, étaient confectionnées à la main, par les ouvrières, à raison de 2 par atelier (3 occasionnellement, pour la sécurité). Il fallait voir, avec quelle dextérité ces femmes faisaient leur                                                                                  Nostalgie du temps passé et du travail pénible. Un jour de Sainte Barbe

Travail extrêmement répétitif, dangereux, nocif, exténuant. On ne peut qu’admirer le courage de ces femmes de voir les conditions dans lesquelles elles travaillaient. Deux de ces femmes vivent toujours  à Collioure. Je voudrais par ces mots leur rendre hommage. Tous ces ateliers, de construction légère (bois) étaient séparés par des monticules de terre, ce qui assurait une certaine sécurité. Le circuit se terminait par l’emballage dans des caisses en bois ou en carton de 25 ou 30kg.  Puis entreposées vers les dépôts au lieu-dit Fort Ouillastreil   La sécurité dans tous les stades de fabrication, était respectée scrupuleusement mais malgré cela un grave accident a eu lieu le 17-11-58. Une explosion qui a fait un mort et une dizaine de blessés. L’usine a été reconstruite, avec des machines plus performantes. Il n’était pas rare de dépasser les vingt tonnes par jour. La demande était importante (Tunnel du Mont-blanc, autoroutes, carrières, mines ; explosifs agricoles…) sans compter l’exportation Moyen-Orient, Afrique, Asie, Indonésie)  Tous les ateliers annexes étaient tributaires de la dynamiterie Il ne fallait surtout pas interrompre la chaîne de fabrication. Il fallait s’en tenir au programme et le respecter. Ce qui parfois donnait des sueurs froides.

Si le personnel annexe est moins exposé à la dynamite, tous ceux qui ont travaillé avec la matière ont été malades, soit par inhalation ou à travers la peau  , Devant cette situation, maladies, décès, la population s’insurge, par voie de presse, sur le fait que les conditions nécessaires à la sécurité ne sont pas respectées.  Le  personnel se met en grève pendant 3 mois et l’usine reprend dans de meilleures conditions par la suite après avoir satisfait les revendications. La plupart des employés venaient de Banyuls ou de Port-Vendres, Collioure offrait un faible contingent. Nous faisions le trajet .avec le train, qui, à l’époque, s’arrêtait à la petite gare de l’usine. Certains employés habitaient à l’usine même. Vivaient ici une trentaine de familles, jusqu’à la fin70. Une institutrice, recevait dans un local aménagé en classe, tous les enfants des employés, ainsi  que ceux du hameau de Cosprons et des mas environnants ;

C’était la vie d’un petit village, L’épicier itinérant venait de Port-Vendres ou Banyuls. Chaque employé pouvait, s’il le voulait, profiter d’un jardin ; L’eau ne manquait pas ! L’ambiance était familiale. , tout cela grâce à la St Nobel. ; C’est avec une certaine nostalgie, et beaucoup de regrets, que nous avons vu s’arrêter à jamais ce qui a été notre gagne pain et une grande partie de notre vie. Les murs, les bâtiments, les ateliers ont été démolis, et aussi, je crois pouvoir le dire, âme de tous ceux qui ont vécu ici. Quel gâchis, quel dommage. Il faut bien sur tourner la page de ce qui a été pour beaucoup, un lieu de rencontre, de travail, où se sont côtoyées plusieurs générations d’employés, dans un cadre à la fois austère par son activité et agréable par sa situation. Ainsi se déroulait la vie et le travail dans ce petit coin de la Cote Vermeille, pendant plus d’un siècle. Souhaitons bonne chance aux nouveaux occupants !      

Poésie d'Armand Aloujes

Un vrai site enchanteur, unique est sa beauté
Où le bleu de la mer, dans son immensité
Se marie à celui, que le soleil pénètre,
Afin de s ‘assurer, qu’il est toujours le maître !
La rade, entre les monts, massifs des Pyrénées,
Etale sur ses flancs, vignes, jardins, garrigues,
Où l’homme tous les jours, pour son travail navigue.

                                                            

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