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dimanche 13 septembre 2020

Portus Veneris, Port de Vénus maintenant Port-Vendres

PORT-VENDRES. PORTUS VENERIS
Armand Aloujes
     Portus-Veneris ! Nom, qui fait rêver, nom qui fait penser à tous les baroudeurs de la Méditerranée : Marins de la Rome antique Grecs et Phéniciens, qui sont venus ici à bord de galères et caravelles, coloniser notre pays et apporter mille trésors inconnus aux peuplades d’alors. Dans les cales, de belles amphores, remplies de diverses denrées, bien calées au fond des bateaux, permettant à ces hommes, venus d’ailleurs, de faire le trafic avec les riverains. Ainsi, Port-Vendres, lieu privilégié de part sa situation, son anse naturelle, bien protégée de la tempête, fut choisie, au détriment de Collioure, qui n’offrait pas les mêmes garanties.   
     On peut donc dire, que le Roussillon, peut actuellement, s’enorgueillir d’avoir, sur la Cote dite Vermeille, une ouverture, vers tous les pays de la méditerranéen et au-delà. Le Port-Vendres d’entre les deux guerres, assurait un trafic très intense avec l’Afrique du Nord, aussi bien pour les marchandises que pour les hommes. Ces territoires du Maghreb, offraient à beaucoup de familles (catalanes) la possibilité de s’installer là-bas et d’y faire carrière. Pour ces émigrants, c’étaient l’eldorado. Port-Vendres, donc, était le passage privilégié, pour rejoindre leur destinée.

 Port-Vendres Carte postale ancienne de 1920

 Cela évidemment, créait une situation à laquelle, les responsables de la gestion du port, se devait d’y faire face.  Il fallut ainsi, pour honorer le trafic, soit augmenter les rotations, ou faire appel à plusieurs d’autres bateaux pour assurer le transport. C’est ainsi, qu’on a vu défiler dans le port à l’époque ; Le Cambon, La Ferrière, Le Lépine, L’El Cantara, El Mansour, etc…bateaux de la compagnie de Navigation Mixte, transportant à l’aller, comme au retour, marchandises et personnes.
Cette activité offrait à la population de Port-Vendres et des environs, du travail et ceci, dans tous les domaines : Organisation, manutention, transbordements, stockage, transit, transport, hôtellerie, restauration etc…Sur les quais, les trains pouvaient débarquer ou embarquer des passagers, près de l’hôtel de la Compagnie du Midi (Cie remplacée plus tard par la SNCF). Donc, toute cette activité, était bien rodée et malheureusement de gros nuages noirs vinrent obscurcir le ciel de Port-Vendres.
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Nous étions en 1939 et la guerre a dû interrompre cette situation, pourtant bien adaptée. Le trafic, avec l’Afrique, posait beaucoup de problèmes. La Méditerranée n’était pas sure. Il fallut donc stopper le trafic durant la période néfaste de la guerre. Puis, lorsque l’occupant est parti, il a voulu laisser des souvenirs : Dynamitages des quais, sabordages des navires, le port était devenu inutilisable.  Cela remettait en cause tout ce qui avait été fait. Mais, grâce à la volonté de tous, la reconstruction s'est opérée sans tarder, car le besoin se faisait sentir, de reprendre toute les activités d’avant-guerre.
    Progressivement, le port reprenait ses droits ; Certains bateaux revenaient, citons ; El Mansour, El Djezair, Président de Cazalet, pour assurer à nouveau la ligne, désormais ouverte au trafic. La Compagnie Paquet, avec ses bateaux, prenait en charge la ligne du Maroc : C’était, Le Kairouan, L’Azemmour, L’Azrou. Le travail, donc ne manquait pas.
Certains bateaux, Voiliers, ou Cotres à deux mats : Tel que « La Glycine » de Lanion, faisait du cabotage avec l’Espagne. Ils transportaient des oranges qui étaient ensuite transférées dans des wagons à l’aide de couffins, par du personnel féminin. Travail très pénible, mais bien rémunéré. A cette époque, le trafic était tellement intense, que les quais grouillaient de marchandises de toutes sortes : Gros paquets de liège, pour l’usine de bouchons du Boulou, tonneaux pour les saleurs de Collioure, vins pour la maison Violet-Byrrh de Thuir, bois pour la maison Bassères, graines pour la maison Santraille, cageots de fruits et légumes etc…Tout cela surveillé évidemment par du personnel, jour et nuit. Je citerai, un certain  M.L …Bien connu de tous, qui, par son air débonnaire et sympathique, fermait les yeux, lorsqu’un cageot crevé par »hasard » laissait échapper quelques fruits ou légumes.
    On pouvait dire, que Port-Vendres bénéficiait d’une situation des plus intéressantes et on pouvait dire aussi que l’Algérie, à ce moment-là, était devenue le grenier d’une certaine partie de la France, surtout du Roussillon. Hélas !, Encore une fois Hélas !  C’était trop beau pour que ça dure.  1962 !
L’Algérie réclamait son indépendance, avec toutes les conséquences que cela pouvait avoir pour le port. Il fallait tout revoir, remettre tout à plat, préserver l’acquis, et développer d’autres solutions possibles ? Ainsi fut fait : Un quai supplémentaire a été construit, d’autres bateaux sont apparus et
Une partie du port a été consacrée à la plaisance. On peut dire que notre cher Portus-Veneris a su  tirer son épingle du jeu, pour la joie et le bonheur des Port-vendrais et la fierté de notre Roussillon
                                                 Quand le Lion du golfe a un air tout meurtri
                                                  Eole se déchaîne, la tempête fait rage,
                                                  Et, pour tous les bateaux, c’est l’idée la plus sage
                                                  Dans le Port de Vénus, de se mettre à l’abri !…

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