De Cerbère au Pic Neulos et de la Tour Massana au Boulou. Histoire, Patrimoine monumental et Naturel. Vie quotidienne. Événements. Revues et Livres. Littérature. Gastronomie et Vins.

jeudi 8 août 2019

Transports quotidiens en famille

TRANSPORT  EN  COMMUN  A  COLLIOURE Armand Aloujes

     La condition féminine jusqu’aux années cinquante, n’a pas été toujours rose dans notre pays .L’électricité, n’était pas encore intervenue dans les travaux ménagers, pour améliorer ces conditions. Tout se faisait de façon des plus rudimentaires. Les femmes étaient à la fois, épouses, mères, ménagères, et parfois, pour arrondir leur fin de mois, se louaient pour certains travaux. Cet état d’esprit, était transmis à travers les générations. Dés leur plus jeune âge, elles quittaient l’école, pour aider les parents, et se retrouvaient souvent démunies, au moment d’affronter les vicissitudes de la vie. Certaines femmes avaient choisi, pour activité hors-ménage, le transport de fagots de bois (Llenyataires) Qui à l’époque, était très utile, tant pour le chauffage, que pour la cuisine. C’était une façon à elles, de travailler pour gagner quelques sous, comme elles disaient ! Mais, cela demandait une certaine capacité physique et une bonne santé. Ce n’était pas donné à tout le monde de faire cela.  Imaginez déjà le trajet, à deux heures de marche du village ;  faire les fagots (feix) et revenir avec ce fardeau ; Il fallait qu’elles aient une bonne dose de courage !…Je vous propose donc, de suivre les deux sœurs Marie et Julie, dans une de leur expédition, vers une foret de nos chères Albères…

     Marie : Julie, écoute, le chevrier (cabrer) du mas Blanc, m’a dit, que les bûcherons (buscarols) sont entrain de nettoyer les sous-bois de la forêt « Culobra ». Ils veulent enlever le liège (suro) des chênes (Alzina surera) . Ce serait une bonne occasion pour aller faire quelques fagots. Justement Madame E…m’en a commandé deux, ça tombe bien ! Si ça t ‘intéresse, nous pourrions y aller toutes les deux ! 
 
   Julie : Bien sur que ça m’intéresse. Quand veux-tu y aller ? - M : Demain s’il fait beau - J   : Et bien d’accord, à demain.     Et voilà nos deux llenyataires, animées d’un même désir, et d’une même détermination, vont,  le lendemain, entreprendre leur randonnée. Vêtues de façon adéquate pour ce genre d’exercice, chaussées de bonnes espadrilles (espardenyes) montantes, les voilà parties vers ce qu’on pourrait appeler une corvée. Et c’en était vraiment une !…Dans un sac de toile de jute, jeté sur les épaules, s’empilaient toutes sortes de cordages, une petite hache (Picasso), couteaux, boissons et en-cas pour collation ; Pour nos deux amis, ce jour-là, le moral et le temps étaient au beau fixe.

   M : Tu vois Julie, c’est encore une chance que l’on ait besoin de nous. On ne peut pas se  permettre de refuser avec la concurrence qu’il y a dans ce  secteur !…Aujourd’hui, Julie, nous emprunterons le chemin des « Costes «  C’est le plus court, et en passant, nous vérifierons si les reposoirs (descansadors)  sont entretenus. Ces reposoirs, connus de toutes ces femmes, se présentaient sous forme de murette en pierre sèche, ou tout simplement un creux dans la roche, ou encore, quelques blocs en ciment, posés là judicieusement. Ils jalonnaient le trajet et permettaient de se reposer un instant, sans être obligées de décharger le fardeau. Il suffisait d’adosser le fagot sur le reposoir, pour soulager le bandeau frontal.

J ; Je pense , chère Marie, que le chevrier ne t’a pas menti, le sous-bois de la « Culobra » est encombré de bruyères ( bruc ) ; Cela nous permettra de faire de beaux fagots de bon bois. Tout en parlant, nos deux femmes venaient d’arriver au « Col D’en Calvo ». Dés lors le chemin va descendre vers la foret. Malgré l’heure matinale, le soleil commençait à chauffer. C’est sur ces conversations, que nos deux llenyataires arrivaient dans la foret ? Vite ! Il fallait se mettre au travail, étendre les cordes, placer les grosses branches en premier lieu et par-dessus les petites, avec ou sans ramées. Le tout, bien rangé, afin de donner une bonne forme au fagot. Une fois bien serré et ficelé, un large bandeau frontal est fixé autour du fagot. Il servira aux femmes, pour le transport en y insérant leur front ; Un petit fagot (feixina ou culatera) viendra se caler à hauteur des reins, maintenant ainsi la charge en équilibre et légèrement en pente, tout en respectant le centre de gravité. Ce travail terminé, nos femmes prennent le chemin du retour. Ecrasées sous le poids des fagots, elles marchaient pesamment mais sûrement, jusqu’au domicile de leur client. Ce travail pénible mérite bien notre attention Ces deux femmes ont vraiment existé, bien connues à Collioure.  Julie était ma voisine.  Ah si nos amies revenaient sur terre, comment pourraient-elles s’adapter à cette nouvelle vie qui est la notre. Après  de telles corvées, le ravaudage des filets les attendaient, au Boramar (sota l’om)

                              Tout  cela  pour quelques  sous !………                                                       

Aucun commentaire: