1659 : Traité des Pyrénées, conclu avec Mazarin, Président du conseil de la Régence. Le roi renonce à Barcelone, mais pas au Roussillon ni à la Cerdagne. (Rosselló. Cerdanya.)
Nous sommes en plein XVIIième
siècle, marqué par l’influence croissante du Roi Louis XIV. C’est la
monarchie absolue. Pendant ce temps, le peuple est resté pauvre et subit les
décisions unilatérales du despote, même si certains territoires annexés, ont
permis d’accomplir quelques progrès. Le Roussillon est soumis à la petite
gabelle (sel du devoir). C’est dans ce
contexte, qu’on peut très bien imaginer ce qu’était la vie avant et après le
traité, dans ce milieu spécifique, qu’était la région frontalière entre Banyuls
et Espolla, par exemple ! Entre le Sallfort et le pic del Torn, s’ouvre le
col de Banyuls, passage naturel à travers la chaîne des Albères, facilitant
ainsi le trafic entre ce coin du Roussillon, et le haut Empordà. Lieu
privilégié pour les échanges, qui se faisaient naturellement de chaque coté de
la montagne. N’ayant aucune contrainte,
les gens des environs, pouvaient aussi bien vivre ou travailler, d’un coté
comme de l’autre. Banyuls offrait quelques activités dans le secteur de la pêche,
mais, surtout, dans le prestigieux vignoble, dont l’activité ne s’est jamais
démentie… Coté Empordà, il est naturel de penser, qu’on y développait
l’agriculture familiale, et l’élevage. Tous les mas environnants, répartis de
chaque coté de la chaîne, vivaient en autarcie.
Par la force des choses : Difficultés de transport ou de
communication! Essayant de garder le contact, ne serait-ce que par
nécessité ; La solidarité n’était pas un vain mot .Parmi ces gens, il y
avait là des vignerons, des bûcherons ou parfois des bergers. Le désir de
chacun, était de vivre dans les meilleures conditions possibles. Toutes ces
familles, qui vivaient à l’époque, dans ce milieu rude des campagnes, étaient
habituées à ces conditions , et c’est un peu, grâce à la situation géographique
des lieux. Cette magnifique et féconde vallée, où pousse la vigne et l’olivier,
arrosée par la rivière Vallauria ;
Cette belle montagne, avec sa lande verte et odorante, véritable garde-manger
des abeilles ; ses majestueuses forets de chênes et châtaigniers !
Médaillon Républicain en bronze 1793-1794 – Hall de la mairie de Banyuls.
Non ! Vraiment, pourquoi aller ailleurs ? Les jours de fêtes
ou de foire, étaient très attendues, car, occasions de rencontres fructueuses,
à tout point de vue : Echanges, trocs, rapports familiaux, et
pourquoi-pas, mariages !... Cela pouvait se passer à Banyuls, bien sur,
mais aussi : Espolla ou Rabós et dans certains mas : Mas des
Abeilles, Atxer, Paré, ou, coté Empordà : Mas Pils, Colera, Sant Quirze,
etc... Bref, malgré ce magnifique tableau, qu’il est logique de présenter, de
gros nuages noirs, sont venus troubler ce paisible coin de notre Roussillon,
sous la forme de deux hommes, dans un uniforme bizarre et armés, qui ont fermé
le passage du col. Imaginez le désarroi des habitants ! De quel droit
vont-ils nous empêcher de passer ? Les autorités françaises en
avaient décidé ainsi. On se trouvait
devant un fait accompli. Il fallut se rendre à l’évidence et s’organiser
autrement. Les premières idées, furent
celles de passer outre, par des chemins inconnus des nouveaux occupants ?
Cette nouvelle situation, va produire obligatoirement, des effets
secondaires : Trafics et échanges clandestins, développement de la
contrebande ; Les relations entre voisins et même dans une famille, ne
seront plus ce qu’elles étaient. Les caprices du roi, n’avaient que faire du
sort de ces populations. La situation, qui s’est maintenue jusqu’à ces derniers
temps, est maintenant révolue. L’histoire a voulu que désormais, s’ouvrent les
frontières dans la nouvelle Europe, favorisant les échanges entre tous les
hommes. Que penserait, aujourd’hui Louis XIV, de cette évolution, lui, qui
avait tant lutté pour étendre son hégémonie dans toute l’Europe du XVIIième siècle ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la France a hérité d’une belle et
magnifique province : Le Roussillon, où l’habitant a su garder ses
traditions et sa langue. Si de nos jours, Banyuls n’a plus le souci que
procurait sa proche frontière avec l’Espagne, la ville est désormais tournée
vers son avenir : Viticulture et tourisme… Le village peut s’enorgueillir
également de la présence d’un laboratoire de recherches sous-marines, dont
l’intérêt s’est toujours affirmé depuis sa création. Laboratoire Arago, qui a
vu défiler de nombreux savants dans ce domaine. Saluons au passage le grand
sculpteur Aristide Maillol, qui a
participé par ses œuvres, à la renommée du village !
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