LE JARDIN BOTANIQUE TROPICAL DE COLLIOURE
Pierre Besson
En 1873, un voyageur de passage à Collioure relate au
directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Perpignan une visite à un jardin
botanique « tropical ». Ce jardin est organisé par Charles Naudin,
préposé à un poste d’observations météorologiques. Le violon d’Ingres de ce
fonctionnaire, c’est la botanique tropicale.
Cet ami de la nature, ce « Vert » actuel, a publié
un « Traité général de l’horticulture ». Il envisage à Collioure une
culture géothermique. Il a réalisé « une pépinière d’enfants des
tropiques » : palmiers, dattiers, cocotiers. Il a rapporté des
Canaries des papilionacés (trèfle, luzerne) « ressource nouvelle pour
l’alimentation des bestiaux des Pyrénées-Orientales ». Il fait pousser de
la ramie qui remplacera le coton et du bambou de Chine qui concurrencera le
roseau pour la vannerie…
Son jardin tropical est planté d’arbres originaires de
Chine, des Antilles, de la Nouvelle-Zélande : orangers, citronniers,
mandariniers, cédratiers. L’eau du Douy lui permet de cultiver des plantes
aquatiques dans un bassin. Il fait aussi des expériences de culture dans le
sable.
Madame Naudin peut confectionner des douceurs
orientales : cédrats confits, bigarades chinoises, produits de ce jardin
enchanteur. Bref, ce lieu rappelle le jardin exotique de Monaco, avec des
intentions plus utilitaires.
Où ce trouvait cette merveille ? C’est l’actuelle villa
Palmar, dans le quadrilatère encaissé limité par le Douy, la voie ferrée et une
courbe de la R.N. 114. Il s’étendait alors jusqu’au magnifique pin parasol de
la résidence d’Ambeille, souvent dessiné par les écoliers d’autrefois.
Qu’est-il advenu de cette curieuse réalisation ? Elle a
été morcelée. Il en subsiste de beaux vestiges, notamment trois hauts palmiers
cocotiers et un splendide magnolia. Naudin n’avait sans doute pas prévu
certains hivers exceptionnellement froids, inconnus sous les tropiques, comme
celui de 1910.
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