RETIRADA : COLLIOURE, TEMOIN L’EXODE DE 1939 !
Armand Aloujes
Le drame qu’a connu l’Espagne, à la fin des années
trente, montre à quel point, la cruauté des hommes, n’a pas de limites. La
guerre civile, dans un pays civilisé, faisait rage. Des hommes, d’un même pays,
pour un idéal diffèrent, s’entre-tuaient. Des familles entières étaient
divisées, des villages détruits, rasés. Les républicains, mal armés, fuyaient
devant les nationalistes.
Il ne restait plus à ces gens, qu’à ramasser tout ce qu’ils pouvaient et partir en exil, vers le pays d’accueil, la France.
C’était l’exode. Triste fin pour ces pauvres gens, qui
allaient endurer cette terrible période. Notre région, le Roussillon, a été le
témoin de ce drame. Des cohortes de malheureux, femmes, enfants, vieillards, à
pieds, à cheval, en voitures, camions, charrettes, se pressaient vers ce qu’ils
croyaient être le salut, l’espoir d’une autre vie, le calme, la paix.
Hélas ! Les autorités françaises, n’avaient pas prévu une telle invasion,
avec tous les problèmes que cela pouvait engendrer ! Mal organisés,
décisions prises à la hâte, pas de lieu approprié pour concentrer toutes ces
personnes, qui, après tout ce chemin parcouru depuis la frontière, étaient
souvent malades, fatiguées, affamées, désorientées. Des reportages de cinéma,
nous montrent des scènes de gens désespérés, parfois blessés, avec des enfants
en bas-âge, dans la neige et le froid, encadrés par des gendarmes à
cheval !
Il ne restait plus à ces gens, qu’à ramasser tout ce qu’ils pouvaient et partir en exil, vers le pays d’accueil, la France.

Comme beaucoup de villages de la région, Collioure a participé
aussi à la réception des exilés. Malgré mon jeune âge, à l’époque, j’ai gardé
en moi, quelques souvenirs de l’événement, dont certaines scènes m’avaient frappées.
La salle de bal, au lieu-dit ; « l’arsenal » était
transformée en infirmerie, où gisaient déjà beaucoup de malades.
M. Cabot, premier adjoint au maire de l’époque, ne
savait plus où donner de la tête. Le château royal était aussi occupé, mais on
voyait surtout, beaucoup de tentes, sur les terrains militaires, qui abritaient
des familles entières, se chauffant autour d’un brasier rudimentaire. Sur le
stade, et les fossés du Fort du Miradou, paissait une multitude de
chevaux : mulets, ânes, arrivés là, avec la cohorte. Animaux de trait, qui
alimentaient parfois, des bouches affamées. Que dire de ceux qui étaient
concentrés dans des camps, alors que rien n’avait été prévu pour les
accueillir.
Dans le village, certaines bonnes âmes, recueillaient des
malheureux, qui, dans leur grand dénouement, acceptaient de la nourriture, un
vêtement, un lit pour la nuit. Je citerai le cas de Me Figuères, qui a hébergé
le grand poète espagnol Antonio Machado, décédé quelques temps après à l’hôtel Quintana,
peu avant sa mère. Un soir, une famille s’est présentée chez mes parents, ily
avait là une mère et ses trois filles. Ma mère les a reçues dans le studio pour
se reposer quelques temps.
Toutes les quatre étaient des artistes ; la mère musicienne, et les filles, chanteuses et danseuses. Plus tard, l’aînée, s’est mariée avec M° ROS boulanger au faubourg. Toutes ont participé avec leur talent, à certaines fêtes du village ; La mère au piano et les filles ; danse espagnoles ou chants ! Bref, on peut dire, que ces pauvres gens ont trouvé un peu de réconfort chez le particulier ; Pendant tout ce temps, l’exode n’arrêtait pas. Les camps de concentration organisés à la va-vite, n’offraient aucune facilité à ces malheureux.

Toutes les quatre étaient des artistes ; la mère musicienne, et les filles, chanteuses et danseuses. Plus tard, l’aînée, s’est mariée avec M° ROS boulanger au faubourg. Toutes ont participé avec leur talent, à certaines fêtes du village ; La mère au piano et les filles ; danse espagnoles ou chants ! Bref, on peut dire, que ces pauvres gens ont trouvé un peu de réconfort chez le particulier ; Pendant tout ce temps, l’exode n’arrêtait pas. Les camps de concentration organisés à la va-vite, n’offraient aucune facilité à ces malheureux.
Le froid,
la faim, la maladie, l’hygiène inexistante, faisait des ravages dans leurs
rangs. Ils avaient quitté la guerre, la peur, la mort, les violences, et malgré
leur espoir d’une nouvelle vie, une vie meilleure, une vie que la République
Française pouvait leur offrir, ils se retrouvaient encore plus misérables
qu’avant. Les nationalistes avaient gagné cette guerre fratricide, mais à quel
prix ? Cela a coûté combien de vies humaines, Tout cela, pour satisfaire
une ambition, celle du pouvoir d’un nouvel ordre. Tous les catalans, venus
s’exiler chez nous en Roussillon, ont eu l’avantage de trouver une deuxième
Catalogne. En ce moment on parlait partout le catalan. Beaucoup ne sont pas
revenus dans leur pays d’origine. En général, tous ces catalans, se sont bien
intégrés chez nous en Roussillon.
Photo :Mémorial du camps d'Argelès - Sur la tombe du poète.et l’hôtel Quintana qui l'a vu nous quitter.
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