Christian Baillet.
Endormi
à minuit et demi sur la route N.7 sur sa charrette sans lumière. Ou l’une
des premières contraventions infligée à un Sorédien.
Le 29 août 1871,

A la requête de Monsieur le commissaire de
police du canton de Céret…..
Cette
lettre retranscrit en termes conventionnels une contravention infligée à un
charretier Sorédien, en 1871. La situation peut paraître particulièrement
cocasse compte tenu des circonstances qui sont relevées.
Mais
n’épiloguons pas plus longtemps et examinons plutôt le contenu de cette lettre.
Concernant le type de route empruntée, notons qu’il s’agit d’une route vicinale
ordinaire. A cette époque, le réseau routier n’est pas encore très développé.
En dehors de la route impériale, (ex D914 elle-même ex N114), il se limite à
quelques chemins vicinaux ordinaires où le trafic est quasiment nul. Il y a
donc peu de risques d’accident. Toujours à cet effet, il convient d’ajouter
qu’en 1878, un état a été réalisé par les services municipaux en vue
d’éventuelles réquisitions de ces moyens de locomotion. Deux voitures
« tractées par à deux chevaux » et une autre « tractée par un
seul cheval » y sont consignées. Un peu plus tard en 1886, le nombre
s’élèvera à 33 attelages ; soit au total un nombre insignifiant de véhicules
au regard de la circulation. Pour toutes
ces raisons, il n’y avait donc pas péril en la demeure !
Sur le plan législatif et administratif ce
courrier laisse apparaître d’autres lacunes. Le décret de lois de 1852, invoqué
dans ce document, relève en effet de nombreux cas d’infractions mais ne donne
aucune directive en matière de sanctions encourues. Ceci est d’autant plus
paradoxal, que ces mêmes textes font état que « la peine d’emprisonnement
n’est requise qu'en cas de rébellion, et de voies de fait envers les agents du
contrôle ». Les sanctions ne semblent donc que peu ou pas appliquées.
Seule la confiscation des chevaux étant semble-t-il l’unique punition
susceptible d’être infligée dans ce cas. On est donc en droit de se poser la
question sur le bien-fondé d’une telle sanction.
Avec le recul du temps, on ne peut
s’empêcher de trouver cette verbalisation abusive compte tenu du peu de gravité
des faits et du contexte de l’époque.
Photo Transport en charrette au début du
20ème siècle. - Extrait des minutes
du greffe du tribunal de simple
police du canton de Céret, en 1871.
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