SOREDE : UN ORAGE AFFREUX A ÉCLATE en 1843. Christian Baillet.
Deux lettres surprenantes ! Ponts, passerelles, détruits et emportés.
Je vous propose de demander un secours pour les personnes qui ont souffert de cette inondation.
Je vous serai obligé, Monsieur le Sous-préfet, de me dire la marche que j’ai à suivre.
Le 21 novembre 2011 restera gravé dans la mémoire des Sorédiens. Des pluies torrentielles se sont abattues sur notre commune, provoquant de nombreux dégâts matériels : des routes submergées, des glissements de terrains, des passerelles emportées (celles de la font del Sabater, et de la font del Bisbe), des maisons inondées. Par chance, aucune vie humaine n’est à déplorer. Ce dramatique épisode n’est pas sans rappeler que des inondations catastrophiques ont frappé durement notre village, si nous nous penchons un tant soit peu sur son histoire. Elle nous révèle malheureusement que ce phénomène n’est pas réservé uniquement qu’au XXIème siècle. Saisissons cette occasion pour en dresser la liste : La passerelle plusieurs fois emportée . Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps (les premières
observations pluviométriques en Roussillon datent de 1833), nous
trouvons des phénomènes similaires à celui-ci. Citons brièvement, au
hasard des archives départementales et communales, quelques événements
venant confirmer ces faits :
En 1843, le pont principal et quelques maisons bordant la rivière sont détruits. Un extrait d’une lettre ci-jointe que le Maire adresse au Sous-préfet, nous interpelle par son témoignage criant d’actualité. Ce premier pont, digne d’un ouvrage de ce nom, avait été construit spécialement en 1839 pour résister à l’épreuve des crues.
En 1866, la maison située au lieu-dit : l’hort d’en Bousquette, correspondant au terrain actuel de l’entrepôt de l’entreprise « Rebuget », est dévastée dans sa totalité. En 1898, huit demeures localisées al Carrer Sant Jaume sont inondées. L’eau a franchi le seuil des portes. En 1900, c’est au tour de la passerelle de la font del Sabater d’être arrachée violemment (1). Reconstruite l’année suivante, elle sera une nouvelle fois détruite en 1932, et réédifiée en 1933. Date à laquelle, des riverains mécontents adresseront une autre lettre au maire pour lui rappeler son absolue nécessité.
En 1901, nouvel épisode calamiteux, le mur de soutènement de la route de la Coscolleda cède à la suite de très grosses pluies. Le maire demande « d’urgence sa réparation afin de rétablir la communication le plus rapidement possible »sic. En 1904, les passerelles de Lavall subissent le même sort. La municipalité est contrainte d’assurer provisoirement la circulation. En 1936, suite au ruissellement des eaux, des maisons situées rue Saint Jacques sont inondées. Etc…
Il faut donc en tirer des enseignements et rester prudent face à de tels risques naturels. Nos anciens d’ailleurs ne s’y trompaient pas puisqu’ils avaient réalisé des tempes (plaque de fer faisant barrage) aux entrées de sous-sol afin de se prémunir d’une montée des eaux. Un fait est sûr, c’est que chaque Sorédien était parfaitement conscient de ces phénomènes météorologiques. J’en tiens pour preuve ces vieux dictons qu’ils formulaient fort justement sur ce sujet : « quan plou de tramuntana plou de gana » (quand il pleut avec de la tramontane il pleut beaucoup) « quan tona a les Gavarres, la pluja a samalades (quand il tonne sur les Gavarres, pluie à comportes), etc…
(1) Son coût : 104,34 frs (AC)
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