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lundi 28 décembre 2020

Vallespir à la Côte Vermeille

 QUAND  LE  VALLESPIR  DESCENDAIT  SUR  LA  CÔTE… ! Armand Aloujes

      Il fut un temps, où, le Vallespir (partie ouest du Roussillon), émigrait vers la Cote Vermeille. Cette belle vallée, arrosée par le Tech, et encaissée entre le Canigou et la chaîne des Pyrénées, abritait, en cette première moitié du 19° siècle, une population, où, la sylviculture et l’élevage, étaient leurs principales ressources.
      Les immenses forets de châtaigniers de ces massifs, ainsi que quelques beaux chênes, offraient une matière première abondante, et cela, pour plusieurs activités. Si, certains arbres étaient entretenus pour leurs fruits : Les châtaignes, tous les autres étaient exploités autrement. Les bûcherons sélectionnaient les futs pour être débités. Ils étaient tirés par des mulets, et rassemblés prés d’une piste, puis dirigés dans les scieries, près du Tech. Il en sortait des planches, des poutres, des chevrons, et surtout, des douelles pour la confection de tonneaux, comportes et baquets de toutes sortes, sans oublier les piquets, pieux et le bois de chauffage, pour le four du boulanger. Etc.…C’était donc, une activité non négligeable. L’élevage des bovins et ovins, était surtout pratiqué
      Dans les mas des environs. Dans la majorité des familles, on élevait le cochon, et, il était rare, celles qui n’avait pas un petit jardin ! Tout le monde vivait en harmonie avec la nature. Les saisons, réglaient la vie de ces montagnards ? Dés l’automne, les gens s’activaient pour la cueillette des pommes, et, dans les bois, les châtaignes, les cèpes et les girolles, offrant ainsi un revenu supplémentaire. C’est justement en automne, que les transporteurs (Trajiners), au dos de leurs mulets, descendaient du Vallespir, pour assurer le transport, pendant les vendanges sur la Cote. Les sentiers dans les vignes, étaient difficilement praticables. Seuls, les mulets, pouvaient les emprunter sans encombres, car, habitués aux travaux de montagne. L’arrivée de ces mulets, dans nos villages, étaient un événement, à la fois insolite et pittoresque. Nous les voyions passer, encore de nos jours, déambulant d’un pas rapide et sur, depuis leur haut canton, jusqu’au village de leur employeur ; Collioure, Port-Vendres, et surtout Banyuls et Cerbère. Ils étaient accoutrés de magnifiques harnais, rivetés de cuivres rutilants et agrémentés de pompons multicolores, décuplant ainsi leurs fastueux atours ; Le concert des grelots, garnissant leur poitrail, résonnait dans les rues du village, révélant leur triomphant passage. L’hiver limitait les activités.

Heureusement à Coustouges et Saint Laurent de Cerdans, se développait la fabrication artisanale de chaussures, légères de toile, à semelle de corde : Les espadrilles (Vigatanes : Origine de Vig, Empordà) Dés le printemps revenu, l’activité traditionnelle reprenait ses droits. Certains descendaient dans la vallée pour la cueillette des cerises. Mais, malgré l’effort des habitants, de se maintenir sur les lieux, il n’était pas rare de voir les jeunes déserter la montagne au profit de la Cote Vermeille. L’hôtellerie et la restauration offraient quelques places ; A collioure, où l’activité principale était la pèche, certains patrons-pécheurs n’hésitaient pas à compléter l’équipage, avec quelques uns de ces jeunes, heureux de trouver du travail ! D’autres, sans spécialité, acceptaient, ce qu’on pouvait leur offrir. Un certain François Nou, de Saint Laurent de Cerdan, membre de ma famille, se voyait offrir le poste de garçon de café. Buvette, située prés de la place du marché. Pourquoi-pas après tout ? C’est bien payé, et le travail correspond à son tempérament. Un pernod, par ici, une anisette par là, un bock un peu plus loin, un pippermint pour ces dames, une grenadine pour les enfants, et la joie de François d’être enfin libre, et de se sentir plus utile que dans son village natal. Pendant ses heures de loisirs, c’est avec joie qu’il rencontre des jeunes venus eux aussi de la montagne ; Prats de Mollo, Reynès, Serralongue. Les uns dans le bâtiment, d’autres dans les vignes. Content de son séjour à Collioure, François revient chaque année, ce qui lui permet de connaître beaucoup de monde et notamment une Demoiselle nommée Mimi. Cette rencontre, s’est terminée par un mariage, à l’issu duquel, sont nés, deux enfants : André et Jeanne. Cette alliance de la montagne et la mer ; ne pouvait qu’être fructueuse !…
      Tous ces jeunes, venus là, avec l’espoir d’une vie meilleure, n’ont pas été déçus. Beaucoup se sont installés ici, dans notre chère Cote Vermeille, qui 0 l’époque attirait de nouvelles populations. Hélas ! En ce qui concerne François, un stupide accident l’a emporté, jeune, laissant une veuve et deux enfants.
      Jeanne était ma grand-mère !

Quitter son village, sa vie de tous les jours, son berceau, ce n’est pas toujours facile ! La montagne était belle, mais ! Quel avenir pour ces jeunes à cette époque ?
      Dans le domaine du tourisme, la Cote a été toujours une grande pourvoyeuse d’emplois. mais aussi, la moyenne montagne et haute montagne, ont su tirer leur épingle du jeu, car les responsables ont mis en évidence, tous les atouts de ces magnifiques lieux et en faire profiter tout un chacun. Surtout dans le domaine du sport, des loisirs, vacances scolaires, randonnées.
Le beau Vallespir, méritait bien cela

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