De Cerbère au Pic Neulos et de la Tour Massana au Boulou. Histoire, Patrimoine monumental et Naturel. Vie quotidienne. Événements. Revues et Livres. Littérature. Gastronomie et Vins.

dimanche 30 juin 2019

Liberté


LIBERTÉ
Armand Aloujes
Aujourd’hui, le ciel est gris, comme les murs de mon château. Devant la fenêtre grillagée de ma cellule, des hirondelles semblent vouloir me tenir compagnie ! Une table branlante, avec un escabeau, un petit coin toilette, armoire aménagée, c’est tout ce qu’on m’a offert pour mon nouveau séjour d’un an dans ma prison dorée,  Je suis donc dans ce lieu, où je rêve et je pense à mon lointain départ, ver la liberté. Le temps fractionné en courte périodes, s’obstine à ralentir les journées et les mois. Sur la cour, quelque fois, on va se promener, sous l’œil vigilant de nos gardes-chiourmes. Ils sont toujours là pour nous visionner, affichant sans relâcher toute leur méfiance.
Les journées, dans les cellules, sont plus difficiles à supporter. La claustrophobie en est la cause. Impossible de dormir, à tout instant ça jure, ça chante, c’est une vraie torture ! On entend cris, pleurs et même des prières, que notre Père à tous ne pourra satisfaire. Il  m’arrive parfois l’idée de l’évasion, au risque d’allonger ma réclusion. Je vais donc essayer d’écrire un conte, l’histoire de l’homme des prisons. Celle que je vis actuellement, dans cette cellule triste, où le soleil hésite à réchauffer les lieux, et vous fait pleurer les yeux ? 
  Et voilà qu’enfin, arrive, ma chère libération. Elle s’est effectuée sans tambours ni trompettes 
                                                  
                                   Je vais pouvoir enfin, jouir d’indépendance,
                                   Respirer le bon air, l’air de la délivrance,
                                   Penser au mauvais sort, qui parfois vous conduit,
                                           Dans une prison triste, qui des lors, vous détruit !…
Dessin Créative Commons Chaines brisées.

lundi 17 juin 2019

Voir Naples et mourir et... le pays Catalan


VOIR NAPLES ET MOURIR ET LE ROUSSILLON !                   
Armand Aloujes
     L’Italie, possède une belle  province : La Campanie, où s’est développée une grande et belle ville : NAPLES ! Les napolitains peuvent être fiers, à juste titre, de posséder une cité à tout point de vue magnifique, par son climat méditerranéen, sa douceur de vivre, par son activité débordante qui s’en émane, et l’exubérance et la gentillesse de ses habitants. D’ailleurs, ne dit-on pas ; Voir Naples et mourir » Slogan, qui laisserait penser que rien d’autre, n’est pas aussi beau, que cette fameuse ville ! Chacun, aime bien sur son pays, sa terre natale, et nous ne devons pas envier ces napolitains, car nous avons ici, dans le Roussillon, de quoi satisfaire n’importe quel touriste réticent ? «  Sur notre littoral, faute de grande métropole, nous avons nous aussi, une série de petits villages, disséminés tout le long de la cote, qui jouent à qui sera le plus beau, le plus attrayant, le plus performant, baignés par la même mer, qui baigne la baie de Naples.
    Notre région, possède aussi un arrière pays remarquable, par sa beauté, ses ressources naturelles, son histoire et sa culture. Venez, amis napolitains, partager notre bonheur, d’avoir nous aussi, un petit paradis. Venez, vous ne serez pas déçus ; Vous ferez connaissance de tous nos sites intéressants et pourquoi pas, fouler les sentiers qui jalonnent la chaine des Pyrénées, des Albères, aux Vallespir. Vous monterez au sommet  du Neulós, pour vous faire une idée de notre belle région.. Et sans hésitation, vous traverserez les vallons et les cours d’eaux qui serpentent aux pieds des grandes et magnifiques hêtraies, tout cela, sous un ciel toujours bleu, comme le votre, et un soleil toujours brillant, comme le votre !  Notre pays est blotti entre la mer et la montagne, ce qui favorise les différents aspects de cette région, du point de vue, climat, agriculture, et diverses activités qui se sont adaptées et traditionnellement conservées. Et quand vous serez là, vous pourrez déguster nos produits régionaux, fruits de nos vaillants agriculteurs, ainsi que les spécialités du terroir, plats dignes des meilleures étoiles. Vous aurez ainsi le temps d’apprécier, le caractère des catalans, qui se rapproche du votre ; exubérant, expansif, parfois coléreux, mais toujours accueillant…
     Et si votre emploi du temps le permet, vous constaterez l’enracinement profond des habitants à notre culture (langue, folklore) et emporterez chez vous, à Naples, les meilleurs souvenirs de votre passage en Roussillon ? Mais, pourquoi, ne pourrait-on pas appliquer votre slogan ici : Voir le Roussillon et mourir !  C’est vrai, que nous n’avons pas de volcan, comme vous, le Vésuve, mais une autre montagne, qui, sans vouloir vous vexer, est beaucoup plus belle et beaucoup moins dangereuse  

Le « Canigo » Votre montagne me fait penser aux habitants d’Herculanum et Pompéi, voisins de Naples, qui, eux, sont bien morts, après avoir vu votre belle cité . Le Canigou, veille, lui, à notre santé !
     Sachez, cher napolitains, que nous, les méditerranéens, sommes des privilégiés, car, nous appartenons à cette communauté d’hommes, de toutes races et religions, sise autour de cette mer. Grande voie navigable, qui a été témoin de tant de trafic, commerces, guerres et riche en histoires, mais aussi, témoin de notre civilisation. Une de ces mers, des plus fréquentées au monde, depuis l’antiquité, jusqu’à nos jours. Sa beauté, a inspiré bon nombre            d’écrivains, d’artistes, philosophes grecs Homère :                                 
L’Iliade, l’Odyssée) et latins (Virgile, Phèdre). Souhaitons, qu’elle nous inspire, à nous, contemporains, le respect et l’amour de cette nature, de ce lieu, qui unit une partie de l’humanité, dans la paix et le bonheur. Quand à vous, napolitains, continuez à chérir votre patrimoine, et que le dieu Vulcain vous protège !
                                      Le royaume  de  Naples, avait besoin d’un roi,
                                      Le grand  Napoléon, se chargea de l’affaire
                                      Je vais nommer, dit-il, quelqu’un proche de moi,
                                      Pourquoi-pas un parent ? Ce fut Joseph son frère !
                                      Il le fit roi aussi, c’était de bon aloi,
                                      De tous les espagnols, sur le champ des Ibères,
                                      Bien sur, rassurez-vous, ce n’était qu’éphémère !

vendredi 14 juin 2019

Collioure, témoin de l'Exode de 1939


RETIRADA : COLLIOURE,  TEMOIN L’EXODE DE  1939 !
Armand Aloujes
     Le drame qu’a connu l’Espagne, à la fin des années trente, montre à quel point, la cruauté des hommes, n’a pas de limites. La guerre civile, dans un pays civilisé, faisait rage. Des hommes, d’un même pays, pour un idéal diffèrent, s’entre-tuaient. Des familles entières étaient divisées, des villages détruits, rasés. Les républicains, mal armés, fuyaient devant les nationalistes.
 Il ne restait plus à  ces gens, qu’à ramasser tout ce qu’ils pouvaient et partir en exil, vers le pays d’accueil, la France. 

C’était l’exode. Triste fin pour ces pauvres gens, qui allaient endurer cette terrible période. Notre région, le Roussillon, a été le témoin de ce drame. Des cohortes de malheureux, femmes, enfants, vieillards, à pieds, à cheval, en voitures, camions, charrettes, se pressaient vers ce qu’ils croyaient être le salut, l’espoir d’une autre vie, le calme, la paix. Hélas ! Les autorités françaises, n’avaient pas prévu une telle invasion, avec tous les problèmes que cela pouvait engendrer ! Mal organisés, décisions prises à la hâte, pas de lieu approprié pour concentrer toutes ces personnes, qui, après tout ce chemin parcouru depuis la frontière, étaient souvent malades, fatiguées, affamées, désorientées. Des reportages de cinéma, nous montrent des scènes de gens désespérés, parfois blessés, avec des enfants en bas-âge, dans la neige et le froid, encadrés par des gendarmes à cheval ! 
     Comme beaucoup de villages de la région, Collioure a participé aussi à la réception des exilés. Malgré mon jeune âge, à l’époque, j’ai gardé en moi, quelques souvenirs de l’événement, dont certaines scènes m’avaient frappées. La salle de bal, au lieu-dit ; «  l’arsenal » était transformée en infirmerie, où gisaient déjà beaucoup de malades.
M. Cabot, premier adjoint au maire de l’époque, ne savait plus où donner de la tête. Le château royal était aussi occupé, mais on voyait surtout, beaucoup de tentes, sur les terrains militaires, qui abritaient des familles entières, se chauffant autour d’un brasier rudimentaire. Sur le stade, et les fossés du Fort du Miradou, paissait une multitude de chevaux : mulets, ânes, arrivés là, avec la cohorte. Animaux de trait, qui alimentaient parfois, des bouches affamées. Que dire de ceux qui étaient concentrés dans des camps, alors que rien n’avait été prévu pour les accueillir.
     Dans le village, certaines bonnes âmes, recueillaient des malheureux, qui, dans leur grand dénouement, acceptaient de la nourriture, un vêtement, un lit pour la nuit. Je citerai le cas de Me Figuères, qui a hébergé le grand poète espagnol Antonio Machado, décédé quelques temps après à l’hôtel Quintana, peu avant sa mère. Un soir, une famille s’est présentée chez mes parents, ily avait là une mère et ses trois filles. Ma mère les a reçues dans le studio pour se reposer quelques temps.

Toutes les quatre étaient des artistes ; la mère musicienne, et les filles, chanteuses et danseuses. Plus tard, l’aînée, s’est mariée avec M° ROS boulanger au faubourg. Toutes ont participé avec leur talent, à certaines fêtes du village ; La mère au piano et les filles ; danse espagnoles ou chants ! Bref, on peut dire, que ces pauvres gens ont trouvé un peu de réconfort chez le particulier ; Pendant tout ce temps, l’exode n’arrêtait pas. Les camps de concentration organisés à la va-vite, n’offraient aucune facilité à ces malheureux.
     Le froid, la faim, la maladie, l’hygiène inexistante, faisait des ravages dans leurs rangs. Ils avaient quitté la guerre, la peur, la mort, les violences, et malgré leur espoir d’une nouvelle vie, une vie meilleure, une vie que la République Française pouvait leur offrir, ils se retrouvaient encore plus misérables qu’avant. Les nationalistes avaient gagné cette guerre fratricide, mais à quel prix ? Cela a coûté combien de vies humaines, Tout cela, pour satisfaire une ambition, celle du pouvoir d’un nouvel ordre. Tous les catalans, venus s’exiler chez nous en Roussillon, ont eu l’avantage de trouver une deuxième Catalogne. En ce moment on parlait partout le catalan. Beaucoup ne sont pas revenus dans leur pays d’origine. En général, tous ces catalans, se sont bien intégrés chez nous en Roussillon.                                       
Photo :Mémorial du camps d'Argelès - Sur la tombe du poète.et l’hôtel Quintana qui l'a vu nous quitter.