La condition féminine jusqu’aux années
cinquante, n’a pas été toujours rose dans notre pays .L’électricité,
n’était pas encore intervenue dans les travaux ménagers, pour améliorer ces
conditions. Tout se faisait de façon des plus rudimentaires. Les femmes étaient
à la fois, épouses, mères, ménagères, et parfois, pour arrondir leur fin de
mois, se louaient pour certains travaux. Cet état d’esprit, était transmis à
travers les générations. Dés leur plus jeune âge, elles quittaient l’école,
pour aider les parents, et se retrouvaient souvent démunies, au moment
d’affronter les vicissitudes de la vie. Certaines femmes avaient choisi, pour
activité hors-ménage, le transport de fagots de bois (Llenyataires) Qui à
l’époque, était très utile, tant pour le chauffage, que pour la cuisine. C’était une façon à elles, de travailler
pour gagner quelques sous, comme elles disaient ! Mais, cela demandait une
certaine capacité physique et une bonne santé. Ce n’était pas donné à tout le
monde de faire cela. Imaginez déjà le
trajet, à deux heures de marche du village ; faire les fagots (feix) et revenir avec ce
fardeau ; Il fallait qu’elles aient une bonne dose de courage !…Je vous propose donc, de suivre les deux
sœurs Marie et Julie, dans une de leur expédition, vers une foret de nos chères
Albères…
Marie : Julie, écoute,
le chevrier (cabrer) du mas Blanc, m’a dit, que les bûcherons (buscarols) sont
entrain de nettoyer les sous-bois de la forêt « Culobra ». Ils
veulent enlever le liège (suro) des chênes (Alzina surera) . Ce serait
une bonne occasion pour aller faire quelques fagots. Justement Madame E…m’en a
commandé deux, ça tombe bien ! Si ça t ‘intéresse, nous pourrions y
aller toutes les deux !
Julie : Bien sur que
ça m’intéresse. Quand veux-tu y aller ? - M : Demain s’il fait
beau - J : Et bien
d’accord, à demain. Et voilà nos deux llenyataires, animées
d’un même désir, et d’une même détermination, vont, le lendemain, entreprendre leur randonnée.
Vêtues de façon adéquate pour ce genre d’exercice, chaussées de bonnes
espadrilles (espardenyes) montantes, les voilà parties vers ce qu’on pourrait
appeler une corvée. Et c’en était vraiment une !…Dans un sac de toile de
jute, jeté sur les épaules, s’empilaient toutes sortes de cordages, une petite hache
(Picasso), couteaux, boissons et en-cas pour collation ; Pour nos deux
amis, ce jour-là, le moral et le temps étaient au beau fixe.
M : Tu vois
Julie, c’est encore une chance que l’on ait besoin de nous. On ne peut pas
se permettre de refuser avec la
concurrence qu’il y a dans ce
secteur !…Aujourd’hui, Julie, nous emprunterons le chemin des
« Costes « C’est le plus court, et en passant, nous vérifierons si
les reposoirs (descansadors) sont
entretenus. Ces reposoirs, connus de toutes ces femmes, se présentaient sous
forme de murette en pierre sèche, ou tout simplement un creux dans la roche, ou
encore, quelques blocs en ciment, posés là judicieusement. Ils jalonnaient le
trajet et permettaient de se reposer un instant, sans être obligées de décharger
le fardeau. Il suffisait d’adosser le fagot sur le reposoir, pour soulager le
bandeau frontal.
J ; Je pense ,
chère Marie, que le chevrier ne t’a pas menti, le sous-bois de la
« Culobra » est encombré de bruyères ( bruc ) ; Cela nous
permettra de faire de beaux fagots de bon bois. Tout en parlant, nos deux
femmes venaient d’arriver au « Col D’en Calvo ». Dés lors le chemin
va descendre vers la foret. Malgré l’heure matinale, le soleil commençait à
chauffer. C’est sur ces conversations, que nos deux llenyataires arrivaient
dans la foret ? Vite ! Il fallait se mettre au travail, étendre les
cordes, placer les grosses branches en premier lieu et par-dessus les petites,
avec ou sans ramées. Le tout, bien rangé, afin de donner une bonne forme au
fagot. Une fois bien serré et ficelé, un large bandeau frontal est fixé autour
du fagot. Il servira aux femmes, pour le transport en y insérant leur
front ; Un petit fagot (feixina ou culatera) viendra se caler à hauteur
des reins, maintenant ainsi la charge en équilibre et légèrement en pente, tout
en respectant le centre de gravité. Ce travail terminé, nos femmes prennent le
chemin du retour. Ecrasées sous le poids des fagots, elles marchaient pesamment
mais sûrement, jusqu’au domicile de leur client. Ce travail pénible mérite bien
notre attention Ces deux femmes ont vraiment existé, bien connues à
Collioure. Julie était ma voisine. Ah si nos amies revenaient sur terre, comment
pourraient-elles s’adapter à cette nouvelle vie qui est la notre. Après de telles corvées, le ravaudage des filets
les attendaient, au Boramar (sota l’om)
Tout cela
pour quelques sous !………
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